Je reprends Na no Ra, périodique du département de Nara pour lequel j’ai travaillé trois ans. La ville de Yamato-Koriyama vaut bien une visite et je voulais vous la présenter.
Yamato-Koriyama est certes célèbre pour ses poissons rouges… Mais il n’y a pas que ça ! Cette ville est aussi célèbre pour sa teinture bleue indigo traditionnelle qui s’est transmise de génération en génération. En marchant 10 minutes vers l’est depuis la gare Kintetsu Koriyama, Nous nous retrouvons dans le quartier de Konyamachi, littéralement le quartier des teinturiers.
Autrefois, les teinturiers étaient plus d’une vingtaine à s’être regroupés dans ce quartier. Un ruisseau, petit canal artificiel, qui était mis à la disposition des teinturiers y coure encore. C’est magnifique ! Nous nous sommes donc rendus à la boutique “Hakomotokan Konya” et nous nous sommes exercés à la teinturerie bleue indigo sur des mouchoirs en tissus.
Cette boutique exerce depuis le XVIIeme siècle. Elle se trouve juste à côté de la boutique spécialiste des poissons rouges « Kochikuya ». En entrant dans Hakomotokan Konya, nous sommes d’abord accueillis par des poissons rouges nageant dans diverses céramiques. L’atelier se trouve au fond et le visiteur y trouve des matériaux pour s’exercer à la teinture, simples comme des mouchoirs en tissu ou des plus difficiles comme des sacs à mains ou des étoles.
Depuis toujours, la teinture bleue indigo est appréciée de tous les Japonais. Elle est utilisée depuis longtemps pour le « furoshiki », tissu servant à transporter menus objets tels bentos ou encore cadeaux. Depuis le XIXème siècle, la teinturerie s’était industrialisée et il y a eu de moins en moins de teinturiers artisanaux. C’était presque devenu un produit de luxe. Mais alors que récemment, l’on a découvert les vertues anti odeurs et anti bactériennes de l’indigo, ce produit est redevenu à la mode. Et c’est tant mieux !
Place à la pratique ! Faites appel à votre imagination et votre produit deviendra unique au monde ! Pierre, baguettes en bois, gomme correctrice, tube en plastique, etc. En utilisant ces objets, l’on décide des zones à ne pas teindre. Sans réfléchir, faites selon votre envie du moment et amusez-vous ! Ou bien réflechissez et fabriquez votre produit durement élaboré. Héhé !
La teinture, matière première servant à colorer les objets est à notre disposition dans des grands pots. Feuilles d’indigotier, de la chaux, de l’alcool, du blé et d’autres produits sont mélangés. Alors que l’écume se forme, le produit obtenu fermente. En deux semaines, il est prêt. La période de conservation diverge selon les usages, elle varie de deux à dix mois. Cette substance dans ce pot réagit tel un être vivant. Il faut donc constament le surveiller pour qu’il ne dépérisse pas suite à un mauvais entretien.
L’étape suivante, c’est de plonger le mouchoir en tissu ou autre dans la teinture. L’on enfile la tenue de rigueur : tablier, bottes et gants en caoutchou et c’est parti. Après avoir trempé le mouchoir, on le mouille et on le fait travailler longuement dans l’un des pots en terre remplis de ce liquide bleu indigo. Après avoir trempé dans l’eau puis avoir essoré mon mouchoir, on trempe donc son mouchoir dans le pot rempli de la substance indigo, en l’imprégnant de substance en le bougeant délicatement en son sein. Il y a six pots dans cet ateliers et beaucoup de pendule pour que le client puisse vérifier précisément l’heure. Vous aussi, quand vous viendrez dans cette boutique, n’oubliez pas de vérifier votre temps de teinture ! Une minute dans le pot et on en sort le mouchoir. Il a désormais une couleur verdatre mais avec l’oxydation, il vire petit à petit au bleu. C’est amusant à voir ! Après l’avoir trempé dans la solution indigo, on retrempe mon mouchoir dans de l’eau.
※Il faut laisser le mouchoir (ou autre) dans le pot selon le foncé que l’on veut obtenir puis tremper celui-ci dans de l’eau. En enlevant progressivement les divers objets laissés sur mon mouchoir durant l’opération, j’obtiens un joli dégradé de couleur et avec un joli motif à pois. Quand j’ai obtenu le foncé que j’ai voulu, je me suis dirigée vers l’évier en dehors de l’atelier . Trois minutes dans cet évier rempli de vinaigre. Je l’ai ensuite encore rincé à l’eau puis passé mon mouchoir au fer à repassé. Et c’était fini !
Fabriquer de ses mains et de son imagination un souvenir japonais d’un art traditionnel, ça peut être très enrichissant et amusant tant pour les touristes étrangers que japonais. C’est magnifique ! Je vous recommende vivement cette expérience. Rendez-vous pour cela à Hakomotokan Konya, soumis à réservation. Je vous attends.